Animée par un V6, la Dino a pu apparaître aux yeux de certains puristes comme la portion congrue d'une V12 maranellienne. En réalité, ce modèle a tous les attributs d'une Ferrari à part entière... Timide et cachant sa glorieuse origine derrière un monogramme à lettres bleues sur fond jaune, la Dino n'ose pas dire son nom. Construite à Modène, la voiture a été baptisée en hommage au fils du Commendatore. Disparu dans la fleur de l'âge en 1956, c'est à lui que l'on doit la conception du V6 Ferrari. En octobre 1965. Pinin Farina présente au salon de Paris un prototype de berlinette dotée du moteur Dino V6 placé en position centrale arrière.
L'année suivante, au Salon de Turin, la berlinette a évolué. Devenue Dino GT, elle apparaît très proche dans son design de la voiture définitive de 1969 année de son lancement sur le marché Italien.
Construite sur un châssis multitubulaire et d'une carrosserie en acier, ramassée sur ses rondeurs suggestives, la Dino exerce, aujourd'hui comme hier, la même fascination. Aussi basse que large, elle évoque un fauve prêt à bondir, tandis que ses formes ondulantes rappellent la Ferrari 250 LM.
Campée sur ses jantes de 14 pouces et ses gros pneus de 205/70 ,freinée par 4 Disques Girling assistés et ventilés, elle ne suggère que vitesse et puissance. Lancés sur la route qu'ils encadrent étroitement, les galbes protubérants des ailes avant semblent vouloir avaler l'asphalte. Tout comme ils semblent prêts à dévorer l'adversaire.
Cette ligne fluide, due à Pinin Farina témoigne du genie stylistique du maître carrossier, qui a vu la sensualité des courbes se substituer aux angles agressifs de la précédente période au style orthogonal. De profil, la courte proue, qui suggère une fine gueule de reptile, fait contrepoint à une longue poupe racée terminée par un abrupt pan coupé.Ce dernier conclut un coffre dans lequel quelques bagages peuvent trouver place dans l'espace de 300 dm3 libéré par la position transversale du moteur, juste au-dessus de l'échappement
Pénétrant dans l'habitacle, on découvre la position de conduite décalée par rapport au pédalier et au volant. De forme elliptique, l'original tableau de bord regroupe dans un ordre serré, mais rigoureusement symétrique, une très complète galerie de huit cadrans circulaires, d'où se dégagent le compte-tours et le tachymètre. Confortablement installé dans un siège baquet en skaï noir, la vue imprenable vers l'avant, est favorisée par le vaste pare-brise. Fortement incliné.
Quant à la visibilité arrière, elle a fait l'objet d’une sollicitude particulière. Ce qui nous vaut un panneau de custode largement échancré et cette originale lunette panoramique de forme concave, c’est-à-dire tournée à l'envers par rapport à ce qu'on observe habituellement.
Emergeant du puits où il a trouvé refuge, le V6 de 2,4 litres comme l'indique son chiffre-titre (246 : 24 pour 2L. 4 et 6 pour le V6) à 2 X 2 arbres à cames en tête et apparaît comme un modèle d’inaccessibilité, même pour des opérations courantes comme le changement des bougies situées sur le côté de l'habitacle. Alimenté par trois carburateurs Weber double corps, il développe 195 ch DIN à 7600 tr/mn et est couplé à une Boite de vitesse Manuelle à 5 rapports synchronisés .Question perf le V6 à une vitesse maxi de 239 km/h et abat le 0 à 100km/h en 7.1 s pour un poids de 1230 kg .
La suspension classique à double triangulation à l’avant comme à l'arrière, complétée par des combinés ressorts-amortisseurs, participait au confort de la voiture. Dotés de deux circuits séparés à l'avant et à l'arrière (ce dernier étant pourvu d'un régulateur de pression), les quatre freins à disques assistés et ventilés faisait preuve d'une excellente efficacité.
Parmi les nombreuses qualités dont jouit cette voiture surdouée, son exceptionnelle tenue de route représentait à coup sûr un atout majeur. Aggripée à la route grâce à son architecture à moteur central, elle semblait guidée par un rail, c’est à peine si elle manifestait l'amorce d'une glissade sur sol sec. Son agilité et sa maniabilité hors pair faisait merveille dans les enchaînements de virages rencontrés sur les petites routes de campagne.
En 1972 , apparaît le spider GTS lancé au Salon de Genève. Pourvu d'un toit escamotable inspiré de la formule Targa proposée avec succès par Porsche à partir de 1965, il représentera un tiers de la production des Dino. Il sera essentiellement exporté vers les Etats-Unis, en particulier en Californie.
La 246 GT connue aussi son heure de gloire immortalisée par la série TV "Amicalement vôtre", ou elle tenait la vedette à coté de Tony Curtis alias Daniel « Danny » Wilde et de Roger Moore: Lord Brett Sinclair « Ta Majesté » roulant lui en Aston Martin DBS.
Sa carrière s’achèvera en 1974 après 3883 exemplaires construits laissant la place en 1975 à la Dino 308 GT4. Ayant accédé depuis au statut d'une voiture de légende, la "petite" Ferrari est bel et bien devenue l'un des modèles les plus prisés de Maranello.
Une destinée flatteuse par ailleurs doublée d’un rôle historique de première importance. Ayant ouvert une voix nouvelle dans la gamme Ferrari, elle se trouve en effet à l'origine d'une lignée qui verra naître, avec l'appoint du V8, les 308 GT4 , 308 GTB et 328 GTB. Mais dans le cœur de nombreux passionnés, son charme demeure irremplaçable.