Avec la création de JaguarSport, la filiale sportive détenue en commun par Tom Walkinshaw (et sa société TWR) et Jaguar, il manque un événement phare qui va symboliser et promouvoir ce nouveau label.
Dans les cartons de TWR, une évolution de la Jaguar V12 victorieuse des 24 Heures du Mans est en cours d'étude. Cela est suffisant pour créer une formule monotype pour gentlemen fortunés qui va se dérouler en trois manches en départ des Grands-Prix. La voiture utilisée sera donc la Jaguar XJR15...
Comme pour toutes Supercars des années 90, la démesure est de mise pour la JaguarSport XJR15. Non seulement cette splendide GT n'est pas commercialisée, ni même homologuée dans de la plupart des pays (cela sera malheureusement le cas pour la France), mais en outre, il s'agit ni plus ni moins qu'une auto conçue pour un challenge intercontinental de… 3 courses seulement !
Le concept de base était de créer un challenge monotype, avec les mêmes GT pour tous les pilotes, qui se déroulerait en ouverture des Grand-Prix les plus prestigieux : Monaco, Silverstone et SPA Francorchamps.
Le gagnant du challenge remportait alors le premier prix de 1 million de dollars qui était versés au propriétaire de la voiture. Il faut dire que la JaguarSport XJR15 était à elle seule un sacré ticket d'entrée, puisqu'il fallait alors débourser 500 000 livres Sterling pour en acquérir une des 50 exemplaires produits.Nous sommes en 1989. JaguarSport développe un prototype qui porte le nom de code " R9R ", qui est dérivé de la Jaguar XJR-9 victorieuse des 24 Heures du Mans.
Un des objectifs de ce prototype était alors pour les ingénieurs de JaguarSport d'explorer des applications nouvelles du carbone, des matériaux composites et aussi du plastique à des niveaux de performances très élevés (plus de 300 km/h).
JaguarSport et TWR vont réemployer le V12 atmosphérique de 6 litres de cylindrée victorieux sur les Jaguar XJR-9. Il va cependant recevoir quelques aménagements spécifiques comme une système d'injection séquentiel Zytec électronique d'avant-garde.
Doté de seulement 2 soupapes par cylindres et d'un arbre à cames en tête par rangée de cylindres, ce bloc en aluminium se distingue par sa légèreté. Avec seulement 240 kg sur la bascule en incluant l'embrayage et les accessoires autre que l'échappement, les motoristes sont allés chercher l'allègement partout.
Ainsi, outre le bloc et la culasse, les pistons sont également en aluminium. Les pipes d'échappement se rejoignent ensuite en 3 conduits puis en deux de chaque côté du V12. Comme toute bonne voiture de course, la lubrification se fait par carter sec. Avec plus de 450 ch au banc, le rendement de ce V12 atmosphérique 6 litres n'est toutefois pas exceptionnel avec 75 ch/litres.
Cela est un choix raisonné et cohérent, car dans une formule monotype, ce sont les pilotes qui doivent faire la différence et non les autos. La fiabilité est donc privilégiée sur les performances pures.
Le châssis et la carrosserie, entièrement réalisés en fibres de carbone, sont produits par ASTEC, une société du groupe TWR basée à Derbyshire et spécialisée dans le travail des matériaux composites.
Les quatre roues sont bien évidemment indépendantes avec des éléments en aluminium pour diminuer le poids des masses non suspendues. Des amortisseurs Bilstein télescopiques non réglables sont montés de série, et leur réglage des plus ferme, est bien entendu très typé circuit.Pour le freinage, la JaguarSport XJR15 fait appel à de classiques disques en acier ventilés ralentis par des étriers AP Racing à 4 pistons. L'ère des freins carbone n'était alors répandu qu'en Formule 1.
Véritable icône des circuits, la JaguarSport XJR15 fut une véritable affaire pour Tom Walkinshaw. Elles furent toutes vendues, et des pilotes expérimentés se sont affrontés en ouverture de trois des plus prestigieux Grands-Prix à leur volant pour la quête du million de dollars de récompense.
Un essai de la XJR15 par Turbo de M6